Un rapport basé sur le mémoire de maîtrise de Charlotte Aebischer en collaboration avec Polytechnique Montréal, Yabo-Octave Niamié, directeur de recherche ​et Fabiano Armellini, codirecteur de recherche​.

Consultez le mémoire de maîtrise complet
Consultez le rapport de Zú

Chez Zú, accompagner les entrepreneurs signifie non seulement offrir du soutien, mais aussi s’assurer que nos actions génèrent un impact mesurable. Conscients de l’importance de cet enjeu, nous avons entrepris une démarche stratégique pour définir des mesures de performance nous permettant d’évaluer l’impact de nos efforts, et d’identifier des pistes d’amélioration pour offrir un accompagnement toujours plus pertinent aux startups

Pour mener cette initiative, nous avons collaboré avec Charlotte Aebischer, étudiante à la maîtrise en recherche en génie industriel à Polytechnique Montréal afin de développer des critères de performance robustes et adaptés aux besoins réels, tout en favorisant une utilisation efficiente des ressources.

Les critères identifiés dans cette étude constituent désormais des objectifs centraux dans notre accompagnement. Intégrés à nos opérations quotidiennes, ils nous permettent de rester agiles et alignés sur notre mission.

« L’évaluation de notre performance comme incubateur-accélérateur est cruciale pour garantir un accompagnement pertinent des entrepreneurs. Cette collaboration avec le milieu académique nous a permis de développer un cadre simple et rigoureux qui oriente nos efforts et nous maintient alignés sur notre mission : accompagner les startups. »

– Jeanne Dorelli, directrice principale, stratégie et opérations, Zú

 

Mise en contexte

Les accélérateurs et incubateurs d’entreprises (AIE) jouent un rôle clé dans le soutien aux startups en favorisant l’acquisition de connaissances entrepreneuriales et le développement de leurs réseaux. Cependant, évaluer leur performance reste un défi en raison des attentes variées des multiples parties prenantes : entrepreneurs accompagnés, acteurs de l’écosystème entrepreneurial et équipes internes.

Comme beaucoup d’accélérateurs et incubateur d’entreprises (AIE), Zú est fréquemment confrontés à la complexité de mesurer sa performance de manière rigoureuse et représentative. Ce processus est non seulement exigeant en termes de temps et de ressources, mais il est également marqué par des défis liés à la collecte et à l’interprétation des résultats. Il mobilise également de nombreux répondants (startups, collaborateurs, partenaires) qui sont sollicités à plusieurs reprises, parfois selon des méthodologies différentes, pour répondre aux exigences variées des parties prenantes.

L’objectif de ce projet était donc de développer un cadre simplifié pour mesurer la performance des AIE, tout en répondant aux attentes des différentes parties prenantes: entrepreneurs, écosystème entrepreneurial et équipes internes.

Les résultats ont permis d’élaborer un cadre final comprenant 11 indicateurs prioritaires.

 

Méthodologie – étude de cas 

Ce projet de recherche utilise une approche d’observation participante pour analyser la mesure de la performance dans un accélérateur et incubateur d’entreprises (AIE).  

Les données collectées, à partir de trois niveaux d’évaluation, ont été comparées à un cadre théorique de mesure de performance des AIE. Cette comparaison a ensuite été présentée et discutée avec les parties prenantes internes et externes via des entrevues, afin de prioriser les éléments les plus pertinents. 

Le cadre final s’inspire donc des pratiques observées sur le terrain et issues de la théorie, enrichies par une analyse comparative et les retours des acteurs impliqués. 

Trois niveaux d’évaluation ont été pris en compte : 

  • Écosystème : Analyse documentaire pour recueillir les attentes des différentes parties prenantes externes (Ministère de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Canadian Accelerator & Incubator Network, UBI Global) 
  • Entrepreneurs accompagnés : Entrevues semi-dirigées avec 10 entrepreneurs ayant été accompagné par Zú pour explorer leur perception de la performance d’un AIE. 
  • Structure interne : Analyse documentaire et observation participante au sein de de Zú 

Bilan de la comparaison des cadres terrains et théoriques

La comparaison entre le cadre de mesure de performance théorique et celui observé sur le terrain révèle des différences significatives.

  • Le cadre terrain comprend plus de quatre fois les métriques que celui recommandé par la théorie.
  • Les données terrain, bien que plus faciles à collecter, sont souvent spécifiques à une seule partie prenante et se concentrent davantage sur des informations descriptives ou des services plutôt que sur des résultats ou impacts mesurables.
  • Le cadre théorique privilégie un nombre restreint de données, difficiles à obtenir mais axées sur la croissance de l’entreprises et les retombées des services de l’AIE, comme la création de liens ou l’acquisition de compétences.
  • Sur le terrain, l’accent est moins mis sur les entreprises accompagnées et davantage sur des aspects liés à l’écosystème et à l’AIE lui-même. Les quatre grandes catégories de données terrain incluent, outre la croissance des entreprises accompagnées : les services offerts par l’AIE et leur pertinence, les retombées économiques générées, la capacité d’innovation technologique (absente des cadres théoriques).
  • En outre, des enjeux tels que l’inclusion et la responsabilité sociale, importants sur le terrain, ne sont pas abordés par le cadre théorique, qui reste principalement centré sur la croissance des entreprises accompagnées.

 

Cadre final de mesure de performance

La comparaison entre le cadre terrain et théorique, ainsi que la mise en avant de certaines catégories de données, ont permis de définir une liste finale de 11 indicateurs traduisant de manière plus rapide et significative la performance d’un AIE. Cette liste repose sur les meilleures pratiques identifiées sur le terrain et dans la théorie, offrant ainsi une approche plus cohérente et efficace pour évaluer la performance des AIE.

Conclusion

Le travail de recherche présenté dans ce rapport a permis de concevoir un cadre simplifié de mesure de performance pour les AIE, issu d’une analyse croisée entre les besoins exprimés par les parties prenantes sur le terrain et les recommandations de la littérature scientifique. Cette démarche a mis en lumière des éléments clés, tels que l’importance des « hard outcomes » et la prépondérance de certaines catégories de données en fonction des niveaux d’évaluation.

Les résultats ont été discutés avec les membres du cas d’étude ainsi qu’avec des acteurs structurants de l’écosystème afin de cerner les attentes spécifiques de chaque partie prenante. Cette collaboration a conduit à l’élaboration d’un cadre final comprenant une liste d’indicateurs simplifiés et pertinents, capables de répondre aux exigences opérationnelles tout en facilitant le processus d’évaluation.

Sur le plan pratique, cette étude propose un outil concret pour simplifier et optimiser la mesure de performance des AIE, en se concentrant sur des indicateurs essentiels. Sur le plan académique, elle contribue à enrichir la littérature en prenant en compte les réalités du terrain, en identifiant les facteurs de complexité spécifiques aux AIE, et en soulevant des thématiques insuffisamment explorées dans les recherches existantes. Ce travail représente ainsi une avancée significative pour l’évaluation des performances dans ce type de structure.

«Mesurer la performance d’une structure comme Zú a été un véritable défi, il a fallu réussir à faire concilier les apprentissages de la recherche académique, à les nourrir des pratiques du terrain tout en prenant en compte les attendus des multiples parties prenantes. Traiter un grand nombre de données et les synthétiser en un outil impactant : cela résume mon travail pour Zú, et marque un bel apprentissage de ma formation d’ingénieure.»

– Charlotte Aebischer

Retombées et recommandations de Zú

En conclusion, cette étude marque une avancée significative pour Zú dans l’optimisation de ses outils de mesure de performance. L’adoption des 11 indicateurs identifiés permet à notre organisation de garantir la pertinence de son accompagnement, d’affiner continuellement ses pratiques et de démontrer sa performance de manière rigoureuse et cohérente.

Cette démarche ouvre également la voie à une réflexion plus large pour l’écosystème entrepreneurial. Comment rendre la collecte de données auprès des startups plus efficace, notamment lorsqu’elles sont co-accompagnées par plusieurs incubateurs? L’élaboration d’un formulaire unique et harmonisé pourrait représenter une solution efficace pour uniformiser les processus, réduire la marge d’interprétation et éliminer les doublons. Une telle initiative pourrait également être soutenue par une plateforme collaborative centralisant les données, tout en respectant les besoins de confidentialité et les spécificités des différents AIE.

Enfin, l’adoption de ces indicateurs par d’autres acteurs de l’écosystème représenterait une opportunité précieuse pour structurer les pratiques à l’échelle du secteur. Standardiser les méthodes d’évaluation renforcerait la comparabilité des résultats entre organisations, offrant ainsi une perspective globale et valorisant l’impact collectif des AIE.

En contribuant à cette réflexion stratégique, Zú souhaite alimenter les discussions dans l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial afin de bâtir des pratiques encore plus robustes, cohérentes et impactantes pour le soutien aux startups.